Une maladie du chat : la giardiose
Qu’est-ce c’est la giardiose du chat ?
La giardiose, aussi appelée giardiase, est une maladie intestinale se caractérisant par une inflammation chronique de l’intestin grêle. Cette maladie est due à la prolifération d’un parasite protozoaire, appelé giardia, surtout rencontré chez les chatons.
La giardiose est contagieuse et touche particulièrement les jeunes chats, essentiellement pendant la période allant du sevrage à l’âge de 2 ans, 40% des chatons étant contaminés avant l’âge de 6 mois. Le risque est augmenté en cas de mauvaise hygiène ou de surpopulation.
Les chats âgés atteints d’une maladie chronique, ou immunodéprimés (qui ont un affaiblissement de leur système immunitaire), ainsi que les chattes en gestation ou lactation, sont également concernés par la maladie.
Les chats adultes sont moins réceptifs et moins sensibles. Ils peuvent être porteurs du parasite mais ne manifestent aucun trouble digestif. On parle alors de porteurs sains du parasite. Ces derniers n’ont pas de symptôme mais excrètent des kystes dans leurs selles susceptibles de contaminer d’autres animaux.
Attention, la maladie est une zoonose, c’est-à-dire qu’elle est transmissible à l’homme. A ce titre, la giardiose est considérée comme un problème de santé publique.
mode de transmission
Le chat se contamine par voie orale suite à l’ingestion d’aliments ou d’eau souillée par des selles d’un animal infecté. Le chat peut également être infecté en léchant le sol, une gamelle ou le pelage d’un congénère contaminé…
La parasite Giardia se présente sous deux formes :
– Les trophozoïtes (flagellés) qui ont une forme active et mobile.
– Les kystes (ovoïdes) qui ont une forme végétative et résistante.
Le cycle de vie du parasite
Le chat sain ingère des kystes qui sous l’action des sucs digestifs, prennent une forme active (trophozoïtes) au début de l’intestin grêle du chat.
Les trophozoïtes se déplacent dans l’intestin grêle, se fixent sur la muqueuse digestive ou s’y insèrent en profondeur, grâce à leur disque adhésif.
Un peu plus loin, des trophozoïtes se reproduisent (par divisions successives) pour former de nouveaux kystes. Ces derniers sont produits en grande quantité et expulsés dans les selles du chat de manière intermittente pendant plusieurs semaines à plusieurs mois. Ils survivent très bien dans l’environnement (jusqu’à 7 mois dans de bonnes conditions). C’est donc par les kystes rejetés dans le milieu extérieur que le chat, ou l’homme, peuvent se contaminer. Les kystes sont très infectieux, la transmission par ingestion ne nécessitant qu’une faible quantité de kystes (une dizaine environ).
La période entre le moment où le chat absorbe des kystes et celui où il les expulse dans ses selles est d’environ 6 à 8 jours.
Symptômes de la giardiose
Certains chats peuvent être contaminés par le parasite pendant des mois, voire des années, sans manifester aucun symptôme. On dit que ce sont des porteurs asymptomatiques.
Lorsque le chat est réceptif à la contamination, les signes cliniques apparaissent généralement après une à dix semaines d’incubation.
Les chats ayant connu une première infection acquièrent une immunité partielle, ce qui permet de diminuer les signes cliniques lors de réinfection et parfois même de neutraliser le parasite Giardia. Ces chats deviennent ensuite généralement des porteurs sains.
La giardose peut évoluer sous deux formes : une forme aiguë, assez rare mais grave et une forme chronique, bénigne et rencontrée dans la majorité des cas.
Les principaux signes cliniques sont :
- Une augmentation des selles d’aspect molles, luisantes et grasses.
- Des diarrhées chroniques persistantes ou intermittentes.
- Parfois des vomissements.
- Le chat a mal lorsqu’on lui palpe l’abdomen. Il est affaibli.
- Une baisse d’appétit.
Dans les cas les plus graves, les principaux signes sont :
- Une déshydratation.
- Un amaigrissement.
- Une anorexie.
- Un abattement.
- Un retard de croissance chez le chaton.
Les parasites peuvent provoquer des lésions au niveau de la muqueuse intestinale, entraînant un syndrome de malabsorption intestinale (une mauvaise assimilation des nutriments) et une perte de poids importante chez le chat.
Les symptômes évoluent généralement lentement sur plusieurs semaines à plusieurs mois pouvant aboutir à un affaiblissement profond du chat.
Diagnostic
Il est nécessaire de différencier les formes aigues et les formes chroniques, selon la durée d’évolution des symptômes.
Il est souvent difficile d’établir le diagnostic d’une giardiose car d’autres maladies s’expriment cliniquement avec les mêmes symptômes. Aussi le vétérinaire pourra procéder à un diagnostic différentiel afin d’éliminer d’autres causes éventuelles.
Face à une affection aiguë chez le chat, les autres causes peuvent être :
- Une infestation par des vers ronds comme des ascaris ou des ankylostomes.
- Une indigestion alimentaire ou un changement d’alimentation récent.
- L’ingestion d’un corps étranger ou une occlusion intestinale.
- Une intoxication alimentaire.
- Des effets secondaires dues à certains médicaments, comme des anti-inflammatoires non stéroïdiens par exemple.
- Une cause bactérienne ou virale.
Face à une affection chronique évoluant depuis deux semaines, les autres causes à explorer peuvent être :
- Une insuffisance pancréatique exocrine : une insuffisance de sécrétion d’enzymes digestives par le pancréas, ce qui entraîne une altération de la digestion. Les symptômes sont vraiment semblables à une giardiose d’évolution chronique.
- Une tumeur localisée au niveau du tube digestif.
- Une origine infectieuse accompagnée d’une prolifération bactérienne entraînant une mal digestion-malabsorption chez le chat.
Votre vétérinaire posera le diagnostic d’une giardiose par l’examen de selles fraîches de votre chat. Une analyse de selles, effectuée par un laboratoire d’analyses, encore appelée coproscopie ou analyse coprologique, permettra de détecter la présence de parasites dans les selles de votre chat.
A noter qu’il est fréquent de diagnostiquer une giardiose associée à une autre pathologie citée dans la liste précédente. Le vétérinaire devra donc parfois procéder à un traitement permettant de cibler les deux maladies diagnostiquées.
traitement
Le traitement de la giardiose féline repose sur plusieurs axes. Il s’agit de traiter la diarrhée si elle est trop importante et d’éliminer le parasite Giardia responsable des troubles digestifs de l’organisme.
Un traitement de la diarrhée
La giardiose est une affection en général bénigne. Le pronostic est bon avec les traitements appropriés que prescrira votre vétérinaire : des anti-diarrhéiques et des anti-infectieux spécifiques.
Un changement alimentaire peut être préconisé afin d’améliorer les symptômes du chat. Un aliment hyperdigestible peut ainsi être distribué jusqu’à la résolution des troubles digestifs. Il s’agit d’un aliment diététique thérapeutique spécial gastro-intestinal proposé sous forme de croquettes ou de pâtée.
Tous les animaux vivant sous le même toit que le chat malade (chez un particulier, en élevage ou dans un refuge) devront être traités même s’ils ne manifestent aucun signe clinique (dans le cas de porteurs asymptomatiques).
Ces traitements pourront être renouvelés à quelques semaines d’intervalle.
Un traitement contre le parasite Giardia
Un traitement spécifique est nécessaire pour les chats contaminés et présentant des signes cliniques. Celui-ci aura pour objectif d’éliminer les parasites présents dans l’organisme du chat.
Lorsque le chat est asymptomatique (ne présentant aucun symptôme), le traitement n’est pas forcément nécessaire car l’infection est généralement transitoire et peu importante.
Pour cela, une visite chez un vétérinaire s’impose, afin d’administrer au chat un antiparasitaire interne spécifique. Tous les antiparasitaires ne sont en effet pas efficaces pour traiter une giadiose, de plus certaines molécules antiparasitaires actives contre le parasite Giardia ne sont pas disponibles en France car elles ne possèdent pas d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Seul le Métronidazole dispose d’un AMM en France et se révèle efficace contre le parasite Giardia chez le chat.
Un traitement hygiène
Un ensemble de mesures sanitaires doivent être prises afin d’éliminer toutes les sources de contamination possible pour le chat.
Les kystes sont essentiellement présents dans les milieux humides et résistent très bien au froid. C’est pourquoi, le succès du traitement est souvent compromis par une réinfection à partir de l’environnement contaminé.
Des mesures d’hygiène strictes devront donc être entreprises, en particulier dans les élevages
- Shampouiner les chats afin d’éliminer les souillures fécales et les kystes présents sur les poils. Pour les chats cliniquement atteints par la giardiose, laver le périnée et l’arrière-train pour éliminer les kystes. Utiliser pour cela un shampoing désinfectant à base de chlorhexidrine.
- Nettoyer l’environnement, ramasser et détruire toutes les matières fécales dès qu’un chat a fait ses besoins.
- Effectuer un nettoyage de toutes les zones et ustensiles en contact avec les chats : les gamelles, les litières, les cages et le matériel (pelles, bottes…). Pour cela, il est préconisé d’utiliser des produits désinfectant contenant des ammoniums quaternaires. Bénéficiant également d’un pouvoir détergent, ces produits sont les plus efficaces pour inactiver les kystes dans l’environnement, le temps de contact nécessaire étant d’une minute environ.
- Faire parfaitement sécher les zones et ustensiles décontaminés et respecter une période de vide sanitaire pendant plusieurs jours avant la réintroduction des chats.
vaccin
A l’heure actuelle, il n’existe pas de vaccin qui puisse prévenir la giardiose chez le chat.
Un vaccin destiné au chat a été commercialisé aux Etat-Unis et au Canada sous le nom de Giardia Vax mais ne l’a jamais été en France.
Ce vaccin n’est dorénavant plus commercialisé mais semblait pourtant assez efficace. Les chats vaccinés présentaient significativement moins de symptômes, la quantité de kystes rejetés dans les selles étaient également très réduite et seulement un chat sur 20 vaccinés était contaminé par le parasite dans son intestin grêle.
Certaines études ont montré son manque d’efficacité, notamment pour les chatons asymptomatiques (ne présentant aucun symptômes) et lors de réinfection par le parasite.
De nouvelles recherches sont en cours afin d’élaborer de nouveaux vaccins pour les animaux mais également les hommes.